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On ne va pas se mentir. Ce qui arrive est impossible, tout simplement impossible.


Il va falloir vivre avec, avec ce trou béant que tu laisses en nous.

Il va falloir être à la hauteur de l’amour que tu nous as donné.

Il va falloir que nous toutes et tous ici, on s’aime aussi fort.

C’est essentiel pour s’en sortir.

Tu as éclairé nos vies, frérot, j’aime bien cette idée.

Tu es comme un phare, qui nous a protégé, qui nous a guidé.

A ta façon, tu n’as pas arrêté de nous remettre sur la bonne voie, quand on devenait trop cons. Tu es notre sage, notre gourou. Le patron, quoi !

Ta vie n’a pas été un long fleuve tranquille, non.

Ceux qui te connaissent bien, savent que les démons contre lesquels tu te battais, étaient légion.

Mais tu avais cette force tranquille, qui te permettait de frayer à travers les tempêtes, et de toujours garder le cap de tes rêves.

 

Alors respect, frérot.

J’ai vécu mes jeunes années comme un aventurier à tes côtés.

Ces années de rues, ces années de rêves les plus fous, ces années de doutes, de sorcières, de béguine et d’alcool, qui nous faisaient nous sentir roi.

Je cavalais derrière toi, mon grand frère.

Tu ne t’en doutais peut-être pas, mais tu étais le père que j’avais perdu trop tôt.

Tu as traversé le Népal en sac à dos avec Marc, tu as traversé le désert à bord d’une 504, toi qui ne savais pas changer une roue, pour venir me retrouver en Mauritanie. Je suis venu vous rejoindre tous les 2 à Bangkok.

Nous étions ensemble plus vivants que la vie.

Tu étais un ogre, un ogre de la vie.

Une éponge de la vie, où les intolérants et les tièdes sont interdits de cité.

 

Tu étais l’humanisme et la bonté faite homme.

Ton cœur n’a pas été assez costaud, tellement tu le partageais, tellement tu en donnais un peu à tout le monde.

Tu étais la liberté incarnée.

Tu avais cette facilité de côtoyer les forts et les faibles, les nantis et les dépourvus, les flambeurs et les esseulés. Et tu avais le pouvoir de donner à tous, le goût de l’unique.

Tu savais rendre important ceux qui te croisaient.

Coluche disait : "Je suis la manivelle des pauvres : je leur remonte le moral".

Thierry, c’était la manivelle de tous.

Tu savais rendre futile ce qui n’était pas grave, tu savais rassurer et nous faire rire de nos propres angoisses.

Alors à mon tour de te rassurer, frérot.

Théo et Polo sont ta plus belle œuvre. Ils sont remplis d’amour eux aussi, et ils ne seront jamais seuls. Il y a Sylvie, leur mère, et une foule autour d’eux : les mecs, vous n’aurez qu’un seul mot à dire, et on rapplique tous.

Sylvie, tu as partagé ses dernières années.

Je sais que Thierry était apaisé et heureux auprès de toi.

Vincent, Delphine, vous avez perdu un frère d’armes.

 

Vous toutes et tous qui êtes là, vous avez perdu un peu de votre souffle.

On ne va pas se leurrer là non plus, frérot.

Non, ça ne va aller, ça va être putain de difficile. J’ai peur d’avoir peur sans toi.

Mais je suis certain que tu seras toujours là pour nous aider, comme tu l’as toujours fait à ta façon.

Je sais que de penser à toi et de puiser dans nos souvenirs, suffira à nous réchauffer.

Ce sera un coup de pinceau qui viendra éclairer notre solitude.

Continue à nous guider, frérot.

Quand on déraillera, envoie-nous une pique. Rappelle-nous au bon sens de la vie.

 

Et puis pardon frérot, pour ce que je t’ai dit. Pour ce que je ne t’ai pas dit. Pour ce que je n’ai pas eu le temps de te dire.

Michel Audiard disait : "L'idéal quand on veut être admiré, c'est d'être mort". 

Putain Thierry, toi tu n’en avais pas besoin.

Maintenant, tu dois être assis à côtés de tes amis, les Brassens, les Brel, les Picasso, les Blier, les Ventura, les Van Gogh, les Gauguin, les Audiard, les Kipling, les Bukowski, et tous les autres, les artistes de la vie.

Et putain ! ça va être la folie éternelle.

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